Ecouter lire Dominique Bona

Souvent, à l’heure du café la voix d’Augustin Trapenard me tire doucement l’oreille vers la radio toute proche. J’aime ce moment d’échange entre un artiste invité et cet animateur raffiné capable de dialoguer avec les personnalités les plus diverses, de dénicher les bons chemins pour aller vers elles, les mettre à l’aise, rire ensemble, avancer dans la connaissance de leur travail de création. Moments irremplaçables que peut nous offrir la radio.

Ce matin du 22 janvier, sur France Inter donc, l’émission Boomerang fit entendre une autre voix, celle de l’écrivaine et académicienne Dominique Bona. Sa sonorité claire, fluide et douce, et son propos sur son livre « Mes vies secrètes », sur l’écriture, la biographie, l’autobiographie mobilisèrent mon attention. Je pris des notes. J’écoutai avec émotion la lecture qu’elle fit d’un texte qu’elle écrivit tout particulièrement pour l’émission, vibrant hommage à la littérature. Voici quelques extraits saisis au passage:

 

«Lire, écrire, on dit souvent que c’est une évasion, une manière de se retrancher, de s’abstraire du monde, de le fuir. On lit, on écrit pour échapper aux lourdeurs, aux frustrations de la vie quotidienne, si prosaïque et banale et difficile à affronter. Les écrivains ne seraient-ils que d’incorrigibles rêveurs?

La littérature n’est pas seulement une échappée, elle ne tient pas toute entière dans le rêve, dans l’illusion, elle offre au contraire une possibilité d’union, de communion, elle ouvre des portes, des fenêtres, elle fait entrer l’air à flot du dehors, elle permet l’échange, ce beau mot d’un poète.

[ La littérature ] crée des liens, on y rencontre tous les âges, tous les milieux, tous les tempéraments, toutes les cultures. Il y a en elle de la douceur ou de la violence, de la légèreté ou de la colère, du raffinement, de la brutalité et parfois tout cela à la fois, dans un même livre.

Ce que j’aime en elle c’est le regard particulier, c’est la voix qu’elle nous offre et qu’on peut épouser le temps d’une traversée, un regard, une voix qui agrandissent l’espace et réchauffent le cœur. Elle ne nous rend pas forcément meilleur mais elle a l’immense avantage de nous rendre moins seuls. La littérature, c’est une planche de salut sur un océan d’incertitudes où sans elle je me noie. »

Dominique Bona - Extraits du texte lu pendant l’émission Boomerang d’Augustin Trapenard sur France Inter le 22 janvier 2019