Marie-Jo aime les mots griffus, emberlificotés, ruisselants, orageux, parfumés…

Dans le début de sa liste qui égraine griffure, lilas, niquedouille, gadoue, emberlificoter, ligoter, ruisseler, terre, rosée, écume, charivari, tohu-bohu, potache, sillage, orage, rivière, tramontane… Marie-Jo choisit :

 

 Tohu-bohu*, le mot qui hérisse au premier abord, bouscule, étouffe, embrouillamini qui renverse tout, tire à hue et à dia, tourneboule, effare la pensée, rend sourd à l’autre, stupide à soi ; tambour de cris, bouillie de bruits, aussi bien bohu-tohu que hubo-huto, mot ubuesque qui t’embourbe tout debout dans tes bottes, boue collante et stérile, à touiller, presser, pétrir, à rassembler, mot à sculpter infiniment pour pouvoir en déguster le sel, la drôlerie quand tu le tiens enfin bien rond au creux de ta paume, sphère lisse que tu peux alors faire rouler à ton gré, tohu-bohu apprivoisé.

 *XIIIè :mot hébrahique toroul boroul / les îles Tohu et Bohu de Rabelais.

 

Au moindre souffle le mot lilas ruisselle d’eau, de soleil ou de lune. Il se coule jusque dans les draps et les songes remplis d’étoiles mauves ou blanches. De sa douceur, le mot lilas parfume le jour, parfume la nuit, exalte la vie.

 

Le mot griffure te tient entre ses griffes, t’arrache la bouche, t’arrache la peau. Mot-estafilade qui érafle le gris de la vie, mot-braise qui brûle rouge, étincelle vivante qui éclate en une métamorphose infinie, kaléidoscope perpétuel.