Les mots ne vivent jamais seuls

Les mots ne vivent jamais seuls

Ils ont des amis qui les veillent

Qui s'aventurent sur le seuil

Dès qu'un premier écho s'éveille

...

Luc Bérimont (1915-1983), écrivain, poète et longtemps passeur de poèmes à la radio. Comment peut-on oublier son écriture et sa poésie si sensuelle et juste? Par ses mots, le poète est aussi un ami qui veille, qui s'aventure sur le seuil de nos vies et ne nous laisse jamais seuls.  

Je lis son bel hommage par Gil Pressnitzer sur le site Esprits Nomades, j'en retiens ces mots: "Mort en 1983, il semble dans « le ravin des durées sauvages » et ne pouvoir en ressortir. On l’aimait, on ne lit pas et sa veuve n’a pu poursuivre l’entreprise de rééditions de ses poèmes. Triste pays où les princes sont des marchands d’armes, et où l’édition veut « la performance à tout prix ».

Maudits soient donc les poètes, ou plutôt au diable les marchands, la compassion des hypocrites.

Sa fuite avec sa femme juive dans la campagne profonde dans les vignes du Layon, sera son baptême de la profonde nature. Puis il apprendra à retenir l’instant, à cueillir la rosée. Il savait qu’il était lui-même à la fois le feu et le bois. Et il aura brûlé, aimé, donné.

Il est dorénavant le charbon de bois écrit sur le dos de la forêt. Son absence se retrouve dans la clairière se jette dans la rosée. Il a fait de ses poèmes une maison de forestier, il nous réapprend l’alphabet des herbes. Une lessive de feuilles était en cours dans ses mots. Par lui les amours de disparus vont depuis au ruisseau et des contes ont laissé des cercles de feu par terre.

Les renards s’en amusent. Les geais s’en méfient. Il nous dit :

La rumeur des arbres étend ses draps, couche-toi !"